Chausson matériaux, une croissance en pantoufles

Par Laurent Marcaillou | 21/10 | 19:01 | mis à jour le 22/10 à 11:02

A partir du magasin de matériaux du grand-père, le père puis les deux fils Chausson ont formé la deuxième enseigne nationale du secteur, à force d’acquisitions et d’investissements.

Georges Chausson a développé, dans les années 1950, l’entreprise créée par son père Albert en 1921. - Chausson Matériaux

Chausson Matériaux a encore grossi cette année en rachetant 84 magasins Réseau Pro au groupe anglais Wolseley. Il devient le numéro deux du négoce des matériaux de construction derrière Point P, avec 320 magasins implantés essentiellement dans la moitié sud de la France et huit usines de préfabrication de béton. Ce rachat portera son chiffre d’affaires de 715 à environ 930 millions d’euros en 2014 et son effectif de 2.900 à 3.800 salariés. La croissance de l’entreprise familiale basée à Toulouse a été fulgurante ces vingt dernières années sous l’impulsion des deux frères Philippe et Pierre-Georges Chausson. « Elle comptait 80 salariés quand je suis entré comme responsable de l’agence de Montauban », se souvient Philippe Chausson, directeur général et ancien PDG de 1990 à 2010. Aujourd’hui âgé de 60 ans, il a laissé en 2010 le poste de PDG à son frère cadet Pierre-Georges. « Quel que soit le titre, la répartition des rôles entre nous reste la même. Mon frère s’occupe des parties financière et juridique et moi de la production.  Cela fait 28 ans que l’on s’entend parce que l’on partage la même éducation et que chacun s’occupe de sa partie. »

La saga a commencé avec le grand-père qui avait ouvert un magasin de matériaux en 1921 à Toulouse. Le père a eu ensuite le flair du négoce mais l’expansion fulgurante de l’enseigne est récente. Dans les années 1990, Chausson Matériaux bénéficie d’un marché favorable et rachète des sociétés. En 2003, il prend la majorité de deux négoces d’une centaine de millions d’euros, Marinier en Paca et Melin dans la région Centre, portant le chiffre d’affaires à 405 millions d’euros en 2003. Les trois sont fusionnés et les frères Chausson rachètent les titres des associés les années suivantes.

Philippe Chausson, directeur général et ancien PDG de 1990 à 2010.

En 2008, pour financer la réduction du délai de paiement des fournisseurs de 90 à 45 jours et la baisse d’activité due à la crise, ils font entrer dans le capital le groupe irlandais CRH à hauteur de 35 %. Celui-ci en ressort en 2011 et les frères Chausson et leur père détiennent à nouveau 88 % des parts. Dernière étape, ils acquièrent 84 magasins Réseau Pro en difficulté sur un marché en baisse, sans rien payer : ils ont laissé au vendeur Wolseley 11,6 % du capital en obligations convertibles en actions.

La société n’est pas à vende, c’est un peu notre vie

« Pour croître dans un métier très gourmand en capitaux, nous avons laissé entrer des associés que nous avons remboursé ensuite, et nous avons eu recours à l’endettement, explique Philippe Chausson. Nous avons utilisé cet effet d’accordéon deux ou trois fois. » L’autre recette de la croissance réside dans la nature même de l’entreprise familiale. « Nous ne sommes pas soumis à la contrainte de distribuer des dividendes comme les sociétés cotées. Nous avons plus d’argent pour investir. »De fait, Chausson Matériaux investit plus que ses résultats  : 31 millions d’euros en 2012 pour un bénéfice net de 22,9 millions. La différence est financée par l’endettement qui s’élève à 110 millions.

Malgré toutes ces acquisitions, Philippe Chausson tient à maintenir un esprit de corps.« Une entreprise familiale transmet une culture et les salariés y trouvent des repères. Avec mon frère, nous irons rencontrer les collaborateurs de chaque agence Réseau Pro achetée. » Si leurs enfants ne reprennent pas l’affaire plus tard, les Chausson chercheront des dirigeants tout en restant actionnaires. « La société n’est pas à vendre, c’est un peu notre vie... »

Laurent Marcaillou, correspondant à Toulouse

Chômage

Pour inverser la courbe du chômage, il faut d’autres choix !

Sans surprise, les chiffres du chômage de septembre ne sont pas bons. L’embellie du mois d’août n’était due qu’au bug des radiations et la réalité est à la hausse du chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle-Emploi en catégorie A s’établit à 3 295 700 en France métropolitaine fin septembre 2013. Ce nombre est en hausse de 1,9 % (+60 000), après une baisse de 1,5 % en août (-50 000).

L’optimisme du gouvernement qui prévoit toujours d’inverser la courbe du chômage en décembre laisse de plus en plus sceptique. Il est temps de se rendre à l’évidence : sans une vraie politique d’emploi et de relance industrielle, rien ne sera possible.

Or le gouvernement s’obstine dans ses erreurs et veut un budget d’austérité pour la loi de financement de la sécurité sociale, alors que la CGT demande depuis de nombreuses années une vraie réforme du financement de la sécurité sociale.

Il poursuit le CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) sans exiger de compensation des entreprises. La CGT revendique le droit pour les salariés de suspendre et d’exiger le remboursement de toutes les aides publiques détournées des objectifs d’investissement productif, de recherche, d’innovation, de formation, de salaires et d’emploi. Les 200 milliards d’exonérations fiscales et sociales doivent être réorientées.

Les contrats d’avenir et contrats de génération peinent à se mettre en place alors que les salariés subissent de plein fouet les conséquences de l’ANI et loi « sécurisation de l’emploi » avec son cortège de PSE et d’accords de compétitivité.

La réforme des retraites compte encore faire accepter aux salariés de nouveaux sacrifices, particulièrement aux jeunes.

Nous invitons les salariés à se faire entendre, à imposer avec la CGT d’autres choix et à amplifier et élargir les exigences revendicatives en matière d’emploi, salaire et financement de la protection sociale.

La CGT organise une nouvelle initiative le 30 octobre 2013 pendant le débat au sénat sur les retraites. C’est le moment pour les salariés de porter haut et fort leurs revendications.